Comment Guirec Soudée se prépare pour le Vendée Globe ?
Words by Will PocklingtonApril 10, 2024
D’ici novembre, Guirec Soudée doit concilier les rêves de demain avec la réalité d’aujourd’hui. Alors que l'aventurier maritime français se rapproche de son plus grand défi à ce jour, il y a encore beaucoup à considérer et à faire.
Mi-octobre prochain, le skipper de 32 ans partira pour Les Sables d'Olonne où il s'installera dans le village du Vendée Globe avant le départ de la vénérée course autour du monde à la voile. Guirec sait qu’un tel exploit ne peut être pris à la légère. Mais comment se prépare-t-il pour cette épopée de 24 300 milles ? Peut-on un jour être « prêt » pour un voyage comme celui-ci ?
Préparer un bateau pour le Vendée Globe
Les bateaux utilisés sur le Vendée Globe sont tous des monocoques de 18 mètres de long. Cependant, dans tous les domaines, leur conception et leur âge diffèrent.
Le bateau de Guirec, Freelance.com, a 17 ans et compte de nombreux milles nautiques à son actif. Encore il y a peu, le bateau était hors de l’eau. "Il est en train d'être poncé pour que nous puissions évaluer de près l'état de sa structure, de son squelette", explique Guirec. C’est aussi l’occasion pour lui de connaître chaque centimètre carré du navire qu’il va réquisitionner dans des environnements parmi les plus rudes connus de l’homme. Pour être pleinement confiant durant la course, il doit se familiariser au mieux avec ce bateau qui sera sa maison – son tout – pendant au moins trois mois.
La semaine dernière encore, Freelance.com était de retour à l'eau pour un « test à 90 degrés » où il a prouvé, grâce à des essais de centre de gravité, qu'il pouvait se redresser s'il se retrouvait sur le côté.
Bientôt il sera repeint avant un été de navigation, à commencer par la Transat CIC, une course de Lorient à New York. Sur le chemin du retour après la course, Guirec sera rejoint à bord de Freelance.com par le très apprécié Corentin Douguet ; le but est encore et toujours d’apprendre, d’échanger sur les performances du bateau et de revenir sur sa dernière sortie. « C'est la dernière transatlantique avant le Vendée Globe », explique-t-il. En effet, l'apprentissage est une priorité au cours de l'été, car Guirec cherche à développer ses connaissances dans tous les domaines, allant des compétences de navigation à l'entretien du bateau jusqu'à la stratégie et la gestion de la météo.
Préparer le Vendée Globe en tant que skipper
« Le plus important avant la course, explique Guirec, c'est de passer du temps en mer et de naviguer le plus possible. » Mais sa préparation comporte de nombreuses facettes, dont certaines, sans surprise, sont liées à sa forme physique.
Guirec a toujours été passionné de sports, notamment nautiques. Le kitesurf, le windsurf, la chasse sous-marine et l'apnée sont des activités régulières qui nécessitent une certaine condition physique. « En plus de profiter de tout cela, j’ai deux coachs sportifs : l’un dédié au renforcement musculaire deux fois par semaine, et l’autre aux étirements et au yoga. » Cette dernière, admet-il, est probablement la partie de son emploi du temps qu’il apprécie le moins. « Cela demande une flexibilité que je n’ai pas vraiment mais que je dois travailler ! »
Ajoutez à cela la course à pied régulière, le cyclisme sur route, le VTT et la natation, et vous obtenez un véritable athlète. « C'est important de prendre du temps pour soi et pour des choses comme ça », dit Guirec. La nutrition joue également un rôle. Comme les repas pendant la course ont tendance à se limiter à des plats lyophilisés ou en conserve, il profite au maximum des produits frais à terre.
Mais avec une jeune famille, Guirec doit trouver un équilibre entre ses préparatifs et sa vie à la maison. Lui et sa partenaire Newt ont deux enfants : une fille de deux ans et demi appelée Maé et Manec, un petit garçon de six mois. « Bien sûr, ils vont tous me manquer en mer, avoue Guirec, mais pendant la course je serai hyper connecté et je pourrai rester en contact régulier avec ma famille. » Il décrit la pointe d'égoïsme nécessaire pour être un navigateur-aventurier mais reconnaît à quel point sa famille est compréhensive. « Newt est habituée, Maé sait que le travail de papa c'est d'être sur le bateau, et Manec ne se rend pas encore bien compte de ce qui se passe – mais je l'emmènerai sur le bateau avant le départ et il aura une carte dans sa chambre sur laquelle il pourra suivre mon évolution ».
Que pense Guirec de l’aventure qui s’annonce ? Il veut juste que ça commence. « Je dors, je vis, je mange et je respire Vendée Globe », dit-il. « C’est une obsession depuis que j’ai le bateau, cela fait presque trois ans maintenant. C’est long pour une personne impatiente comme moi. J’ai hâte d’être sur la ligne de départ. »
Vous pouvez en savoir plus sur le parcours de Guirec Soudée ici et le Vendée Globe ici.